vendredi 27 décembre 2013

Jour 14 - déjà...

Dimanche 23 décembre
Quoi? Bientôt Noël? Euh, non. J'y crois pas.

Dernière journée avant le départ.
Pourtant il me semble qu'hier seulement nous arrivions à N'Djamena.
Comme le dit la chanson : « Pourquoi faut-il... qu'le temps file? »




J'ai enfin pu aller voir le travail de Yacinthe Tobio, directeur artistique de la compagnie de danse Jeunes Tréteaux. On se le promettait depuis la première semaine. Avec sa conjointe Lorraine, scénographe et costumière française, ils travaillent sur une création autour de l'émancipation de la femme. Sur scène : sept femmes. C'est très rare ici. Déplacer les femmes n'est pas une tâche facile (nous l'avons vu lorsque nous avons donné les ateliers aux groupe de Virginie la semaine dernière) puisqu'on s'attend à beaucoup d'elles.


Les femmes venue répéter sur le plateau du Ballet National n'ont pas d'expérience de scène. Yacinthe travaille avec elles de façon très instinctive et sensible, cherchant patiemment ce qui émergera de chacune. Il travaille sur leur présence, explorant successivement différents thèmes qui apparaissent : la joie, la douleur, la colère, le jugement, l'espoir. C'est touchant à voir. Yacinthe m'invite à participer, à proposer des provocation à ses danseuses, à me prononcer. Une très belle discussion suit la répétition. Lorraine demande à chacune ce que représente, pour elle, l'émancipation. Les réponses viennent au compte-goutte. 


On sent la réserve, la gêne... un certain inconfort. Puis, doucement, on commence à s'ouvrir.


« L'émancipation c'est être libre de faire ses choix », « l'émancipation c'est la curiosité », « l'émancipation c'est se libérer des apparences », « l'émancipation c'est le savoir, l'éducation, la connaissance »... Je ressors de ces quelques heures reconnaissant d'avoir été invité à y participer.


Dernier atelier à Chagoua

Ensuite, en route vers Chagoua pour le dernier atelier du séjour. C'est très agréable de terminer avec eux – un groupe de jeunes passionnés, rigoureux, curieux. Djafat vient assister à la fin de l'atelier et me ramène en moto. Il me fait visiter un peu le quartier – son quartier – avant de me ramener chez Taïgue où nous préparons une petite soirée pour remercier les copains rencontrés pendant le séjour.

Une très belle soirée, où une vingtaine de personnes viennent célébrer avec nous.
La mélancolie du départ fait place à l'anticipation des suites de ce projet. On est tous intéressés à ce que la collaboration se poursuive. Plusieurs projets sont lancés. Il faudra faire des choix, bien entendu, mais il s'agit plutôt de choix de timing que de choix de projets.

Je rentre au bercail plein de nouvelles impressions, touché par la sensibilité et la générosité avec laquelle nous avons été accueillis, et plein d'espoir pour ce monde à la fois grandiose et absurde dans lequel nous vivons. Pendant qu'à quelques centaines de kilomètres de N'Djamena les troubles en Centrafrique font état de l'incompréhension entre les hommes, provoquant plus de 250 000 réfugiés à remonter vers le nord, ici des artistes de plusieurs pays et continents rêvent de projets où la paix, la collaboration et l'échange sont au centre des aspirations. Ils dansent, ils jouent, ils écrivent, ils rêvent.

Travailler ensemble pour cerner ce qui nous sépare et nous unit.
Accepter qu'il y a, en chacun, une part d'incompréhensible.

… et en faire, ensemble, quelque chose de beau
qui nous définit et nous dépasse à la fois.



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