mercredi 25 décembre 2013

Jour 9 - 2e round !

Mercredi 18 décembre
Deuxième rencontre avec le public…


Themacult - Redonner le sourire à ceux qui ne savent plus pleurer


Ce matin nous avons eu le bonheur de rencontrer Vangdar Ismael, le directeur artistique de la compagnie de théâtre Themacult qui fêtera l'an prochain ses 25 années d'existence. Un grand homme (dans tous les sens du terme!). Généreux, bon vivant, la joie de vivre contagieuse, on sent qu'il s'est battu pour arriver à mettre sur pied et à maintenir l'espace de création qu'il dirige. Thémacult monte, selon les conditions financières, une création par année, et organise tous les deux ans un festival international de théâtre. Vangdar a siégé sur le comité de la CITF (Commission internationale du théâtre francophone) lorsque l'organisation a soutenu la création de notre spectacle BOUFFE. Petit monde! Nous avons mangé le meilleurs poulet grillé de N'Djamena (le Maître l'a dit!) et, en parlant de nourriture – chassez le naturel... –, on a dû avouer à Vangdar que nous n'avions pas encore mangé la Boule (LE plat traditionnel tchadien). Katel a d'ailleurs avancé qu'elle doutait de l'existence même de ce plat puisqu'on n'en voit nulle part. Renversé, outré, incrédule, Vangdar nous a promis de nous inviter chez lui manger la fameuse Boule et la non moins fameuse « sauce longue »...! Samedi midi : c'est à l'horaire. À suivre!

Nous rencontrions Virginie à 13h à l'IFT afin de se préparer, de placer les transitions entre nos contes/scènes et de s'assurer que tout soit en ordre pour la représentation à 16h. L'endroit où nous jouons est absolument magnifique. Un gros arbre mature jette son ombrage sur une petite scène ronde devant laquelle se trouvent des gradins en pierre. C'est très beau, intime, chaleureux. En fait ils ont reproduit, dans cette petite cour intérieur, l'arbre à palabre que l'on retrouve dans les villages africains. C'est souvent un très vieil arbre comme celui-ci, vénérable et respectable, sous lequel on vient raconter des histoires, des contes, les nouvelles, etc. C'est la télé sans zapping! Petite émotion en voyant le lieu. Nous avons décidé de présenter Grüm cette fois-ci et de garder la grenouille et le crapaud pour la représentation de samedi (qui doit être différente de celle du mercredi). Notons que le public de « L'heure du conte » est un public variant de 6 ans à 18-19 ans, tous dans la même salle.

Virginie a commencé avec deux contes. Là aussi ça parle, ça jase, ça répond. Et fort en plus! Elle les a eu tranquillement, les faisant rire et regagnant leur attention, lorsqu'ils devenaient trop dispersés, à l'aide d'un « zing-zing-zing » auquel ils devaient répondre, en cœur, « zou-zou-zou! » Elle a attaqué avec l'histoire de la petite Lala, sauvée du monstre-buveur-de-lait par la solidarité de ses amies. Elle a enchaîné avec celle de Noix de Coco, où une mère accouche d'une noix de coco qui finira par se transformer en en beau guerrier. Dans les deux cas, je remarque que la conteuse faire intervenir le public, lui faisant compter les amies de Lala ou lui demandant s'il avait déjà vu une femme accoucher une noix de coco, et quelle boulot la noix pourrait-elle trouver. On me sit que c'est très fréquent. Comme le public est partie prenante et participante de l'acte théâtral, on l'intègre (et on lui donne, en quelque sorte, son texte). On le force ainsi à être attentif à ce qu'il doit dire et au bon moment où il doit se prononcer.


Nous avons adapté un peu l'entrée. J'arrive toujours du public (chose qui ne se voit jamais ici... je l'ai bien compris mardi dernier et on me l'a dit à plusieurs reprises), mais cette fois la conteuse me voit, elle pointe vers l'arrière de la salle... « ...mais c'est qui celui-là? Regardez-le!!... », elle installe le fait que c'est un personnage qui arrive et, en plus, elle rit de lui – établissant au passage qu'on a le droit d'en rire. Du coup c'était un peu plus facile... personne ne m'a tapé dessus! Certains ont eu peur lorsque je passais par-dessus leur tête, fuyant lorsque je leur tendais ma valise... mais petit à petit on a compris. La dernière rangée, celle des tout-petits, riait à gorge déployée lorsque je suis arrivé à eux. On m'a parlé tout le long, m'interrogeant sur ce que j'attendais, me disant qu'il n'y a pas de bus qui passe ici, me demandant pourquoi je ne parlais pas. Certains me disaient de partir. À la fin on me demandait de rester... pas clair du tout! Grüm est tombé pour une jeune femme très courageuse, qui a joué le jeu – elle l'a même embrassé, au grand bonheur de la salle... et, ne le cachons pas, du comédien!

L'expérience est définitivement moins traumatisante que la première. Virginie me dit : « Ils sont restés, alors ils ont aimé. S'ils n'aiment pas ils partent. On l'a vu souvent : le conteur commence et en cinq minutes le tiers de la salle est déjà disparu! » Même son de cloche de Katel et d'autres qui étaient présents. Moi, je ne comprends pas encore ce public. Il parle un langage que je ne saisis pas – et je trouve ça fascinant.

Avec le clown tchadien Djafat, John-de-John, Katel et Virginie



En soirée, il y avait à l'IFT un spectacle-concours de hip-hop organisé par Rodrigue, celui qui donne les formations de danse hip-hop et de slam dans les quartiers. C'était franchement beau à voir. Le public était au rendez-vous (il y avait un monde fou!), et c'était touchant de voir ces jeunes s'affronter de façon aussi rigoureuse… et pacifique. La danse contre la violence. Espoir. 



Yaya et John, juges de la soirée hip-hop


Rodrigue fait une démonstration… foule en délire





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