jeudi 19 décembre 2013

Jours 4 et 5 - On s'acclimate

Vendredi 13 décembre et samedi 14 décembre
… les ateliers, la vie…. le mouton et le chameau !


On s'acclimate tellement qu'on a froid le soir! Les nuits sont en effet plutôt fraîches (12-15 degrés). Aboubakar nous a pris sous son aile. C'est surtout avec lui (et Yaya l'éternel) que nous nous promenons d'un endroit à l'autre en ville


"Mangeons… du bon... châmôôô !"

Vendredi midi ils nous ont invité à manger du chameau... Un délice! Viande grillée, épicée à la perfection, savoureuse, tendre! Miam. Assis par terre, le plat de viande au centre, nous en profitons pour discuter de leur travail, mais aussi des meurs, coutumes et traditions ici. Les ateliers à la maison de quartier de N'Djiari, en après-midi, furent des plus agréables. Un groupe de jeunes vifs, motivés, et encouragés par un public de curieux venus voir ce qui se passait. On a terminé avec une bonne cinquantaine de personnes regardant les participants travailler.


Samedi avant-midi, Yaya nous a invité à assister au mariage d'un membre de sa famille. Pagnes colorés, assiettes remplies de savons, riz, poissons et autres denrées symboliques en guise de dot, marche dans le quartier où les femmes chantent bien fort pour laisser savoir à tous les prétendants de la future mariée qu'il est maintenant trop tard. Le tout se termine dans la cour de la maison des parents de la mariée, où on assiste à la discussion/négociation entre les membres des deux familles. On se complimente, on parle des promis, et les parents du marié proposent enfin un montant qu'ils offriront à la famille de la mariée en échange de leur fille. On discute, on se consulte, alors qu'un révérend/animateur nous tient au courant de tout ce qui se dit. Au final le marché est conclu, les familles sont heureuses, le mariage peut être célébré!... Ah oui, j'entends les curieux... le prix? 350 000 FCFA.

Moment cocasse en route vers la maison de quartier de Walia pour l'atelier : on s'est fait dépasser par un mouton à moto! On l'a d'abord entendu : « mbêêêh » (je croyais que c'était un klaxon!) et puis voilà qu'une tête de mouton nous regarde et file tout droit. Derrière le mouton, un homme conduisant la moto. Le mouton, docile, regarde autour, oreilles au vent! N'Djamena est une ville surprenante.


En ateliers, j'ai travaillé avec le petit nez rouge, tentant de les mener doucement vers l'état de disponibilité et de jeu du clown. Le laisser-aller n'est pas évident à trouver. On sent que le concept même du clown est assez abstrait. De plus, on sent les élèves qui veulent tellement bien faire qu'ils sont bloqués dans le jeu. Malgré tout, quelques participants se démarquent, dont un petit garçon de neuf ans qui, clairement, a tout compris. Un jeune adolescent me dit, en fin d'atelier, qu'il souhaite faire du théâtre sa vie et que le clown l'intéresse particulièrement. Nous les quittons avec le sourire, chacun muni de son petit nez rouge qu'il rapportera chez lui.

… et Mathieu qui ondule...


Tous les soirs, nous sommes invités à prendre un verre avec divers artistes d'ici. Comme partout ailleurs, c'est dans ces rencontres informelles que se tissent les liens et que se développent les amitiés. Assis dehors devant les petits bars, dans la nuit fraîche de N'Djamena en décembre, on apprend à se connaître. Tous, sans exception, ont une histoire touchante, souvent troublante. La guerre a laissé des traces. Les réalités familiales sont souvent très complexes. Mais ce qui ressort, c'est la générosité et la solidarité infinie présente chez toutes et tous. Je me sens choyé d'être entouré de personnes aussi ouvertes, partageant leurs histoires avec tant de simplicité. Les artistes tchadiens que je rencontre sont fiers, à la fois critiques d'une réalité sociale et politique sur laquelle ils n'ont que peu d'influence, et en même temps conscients de l'importance de ce qu'ils font pour les habitants de leur ville et de leur pays. On sent la nécessité de l'art, on sent l'espoir lucide, on sent une communauté artistique soudée.


Walia




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